L'espoir d'un traitement préventif contre Alzheimer menacé par des blocages administratifs
Une étude de l'Université de Washington offre des résultats inédits sur un traitement préventif de la maladie d'Alzheimer mais la continuité de ces recherches est menacée.

L'étude menée depuis plus de 10 ans par l'Université de Washington apporte les premiers résultats prometteurs sur la possibilité de retarder significativement l'apparition des symptômes de la maladie d'Alzheimer. Mais la continuité de ces recherches cruciales est aujourd'hui menacée par des blocages administratifs au niveau des financements fédéraux.
Une avancée historique dans la prévention d'Alzheimer
L'étude publiée mercredi dans The Lancet Neurology marque une première historique : les chercheurs ont réussi à démontrer qu'un traitement préventif peut retarder l'apparition des symptômes d'Alzheimer chez des patients génétiquement prédisposés. Sur un groupe de 22 participants n'ayant initialement aucun trouble cognitif et ayant reçu le médicament gantenerumab pendant environ 8 ans, les résultats montrent une réduction de 50% du risque de développer des symptômes. Comme l'explique le Dr Eric McDade de l'Université de Washington, cela pourrait représenter "un délai de 5 à 15 ans de vie sans démence" pour ces patients.
Une étude unique centrée sur des familles particulièrement touchées
Cette recherche, menée dans le cadre du réseau DIAN (Dominantly Inherited Alzheimer's Network), se concentre sur des personnes porteuses de mutations génétiques rares qui causent une forme précoce et héréditaire d'Alzheimer, apparaissant dès 30-50 ans. Les participants, qui se surnomment eux-mêmes les "X-Men", comme le rapporte CNN, contribuent depuis des années à faire avancer la recherche à travers de nombreux examens : IRM, scanners PET, ponctions lombaires. Marty Reiswig, l'un des participants âgé de 46 ans, témoigne de l'importance vitale de cette étude pour lui et sa famille, sachant que dans sa lignée les symptômes apparaissent généralement entre 47 et 50 ans.
Des blocages administratifs mettent en péril la continuité des recherches
Alors que ces résultats ouvrent des perspectives prometteuses, l'étude fait face à une menace majeure : le blocage des procédures d'attribution des subventions au niveau du National Institutes of Health (NIH). Comme le rapporte le St. Louis Post, des réunions cruciales pour le renouvellement des financements ont été annulées à plusieurs reprises depuis janvier 2024. Avec un budget annuel de près de 48 milliards de dollars, le NIH est le plus important financeur public de recherche biomédicale au monde. Dr Randall Bateman, directeur de la recherche, s'inquiète : "En 25 ans de recherche, je n'ai jamais vu une telle situation au NIH."
Des enjeux humains et scientifiques considérables
L'interruption potentielle de cette étude aurait des conséquences dramatiques, tant sur le plan humain que scientifique. Les participants perdraient l'accès aux traitements qui semblent actuellement retarder l'apparition de leurs symptômes. De plus, des données précieuses sur l'efficacité à long terme de ces traitements préventifs seraient définitivement perdues. Sue, une participante de 61 ans citée par le St. Louis Post, reste asymptomatique alors que ses frères et sœurs ont développé la maladie vers 57-58 ans. Elle symbolise l'espoir pour toute sa famille, notamment ses jeunes neveux et nièces potentiellement à risque.
Un appel à l'action urgent
Face à cette situation critique, les chercheurs et participants appellent à une mobilisation rapide pour sauver cette recherche prometteuse. Des financements alternatifs, notamment de l'Association Alzheimer, du fabricant du médicament et de donateurs philanthropiques, permettent actuellement de maintenir l'étude, mais seulement pour environ six mois supplémentaires. Le Dr Bateman souligne l'importance de poursuivre ces travaux qui pourraient "prouver sans l'ombre d'un doute que nous pouvons retarder l'apparition d'Alzheimer". L'enjeu est d'autant plus crucial que cette recherche pourrait bénéficier non seulement aux familles touchées par ces formes génétiques rares, mais aussi potentiellement aux millions de personnes concernées par la forme sporadique de la maladie.