Arctique sans glace d'ici 2030 ? Ce que révèle cette nouvelle étude est alarmant

Environnement Par Hervé -

Une étude récente prévoit que la première journée sans glace dans l'océan Arctique pourrait survenir avant 2030, selon le scénario le plus extrême. Les conséquences s'étendent au-delà de la région, impactant le climat mondial.

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Crédit: 7days media - illustration

Un phénomène qui s'accélère dangereusement

L'Arctique a toujours été recouvert de glace, même au plus fort de l'été, agissant comme un miroir naturel qui réfléchit les rayons solaires vers l'espace. La réduction de la couverture glaciaire s'accélère pourtant de façon alarmante ces dernières années. La superficie minimale de glace observée en 2023 n'était plus que de 3,39 millions de kilomètres carrés, un chiffre déjà historiquement bas. Les chercheurs considèrent qu'en dessous d'un million de kilomètres carrés, la glace n'est plus suffisante pour assurer son rôle de régulateur thermique. Cette évolution vers un océan Arctique bleu plutôt que blanc pendant l'été constitue l'un des exemples les plus frappants du changement climatique d'origine humaine.

Des modèles climatiques de plus en plus précis

L'étude publiée dans Nature Communications s'appuie sur 11 modèles climatiques différents, analysant 366 simulations distinctes. Contrairement aux études précédentes qui utilisaient des moyennes mensuelles, ces nouveaux travaux exploitent des données quotidiennes, offrant une précision inédite. Les chercheurs ont identifié que la probabilité la plus élevée d'un premier jour sans glace se situe dans une fenêtre de 7 à 20 ans. La médiane des projections suggère que cet événement surviendra d'ici 24 ans. Les modèles montrent qu'une fois ce premier jour sans glace atteint, la période libre de glace pourrait durer entre 11 et 53 jours.

Source: Nature Communication - Heuzé, C., Jahn, A. The first ice-free day in the Arctic Ocean could occur before 2030. Nat Commun 15, 10101 (2024). https://doi.org/10.1038/s41467-024-54508-3
Source: Nature Communication - Heuzé, C., Jahn, A. The first ice-free day in the Arctic Ocean could occur before 2030. Nat Commun 15, 10101 (2024). https://doi.org/10.1038/s41467-024-54508-3

L’horizon 2030 : un signal d’alarme

L'étude met en lumière une séquence d'événements météorologiques extrêmes qui pourraient précipiter l'arrivée du premier jour sans glace avant 2030. Tout commence par un automne inhabituellement chaud qui affaiblit la couche de glace. Suit un hiver et un printemps anormalement doux qui empêchent la régénération glaciaire. La séquence se termine par un été particulièrement chaud, accompagné de tempêtes qui achèvent de faire fondre la glace restante. Les chercheurs ont d'ailleurs observé qu'en mars 2022, les températures dans le cercle arctique dépassaient déjà de 10°C la moyenne pluriannuelle pour cette période.

Des conséquences en cascade pour le climat mondial

L'enjeu dépasse largement la seule région arctique. Une fois la glace fondue, l'océan sombre absorbe davantage de chaleur au lieu de la réfléchir, créant une boucle de rétroaction positive qui accélère encore le réchauffement. Selon l'étude Nature Communications, ce phénomène pourrait perturber les courants océaniques, modifier les régimes des vents et augmenter la fréquence des événements météorologiques extrêmes, particulièrement dans l'hémisphère nord. Les écosystèmes arctiques, de l'emblématique ours polaire au crucial zooplancton, sont déjà sous pression et risquent d'être davantage impactés par ces changements.

Une course contre la montre

Les chercheurs soulignent qu'il est encore possible d'agir pour retarder cette échéance et réduire la durée des périodes sans glace. Pour tous les cas étudiés, le premier jour sans glace survient dans des années où le réchauffement global dépasse 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Maintenir le réchauffement sous cet objectif de l'Accord de Paris pourrait donc encore permettre d'éviter ce point de basculement. Mais l'année 2024 a déjà marqué un tournant inquiétant : pour la première fois, la température moyenne mondiale a dépassé ce seuil symbolique des 1,5°C, sonnant comme un avertissement sur l'urgence d'agir pour préserver ce régulateur thermique naturel millénaire.