Cette marque de soda revient sur ses engagements et menace l’avenir des océans (rapport détaillé)

Environnement Par Hervé -

Un nouveau rapport d'Oceana, importante organisation internationale de protection des océans, met en lumière l'impact environnemental alarmant de Coca-Cola.

plastique, Coca Cola, rapport Oceana
Illustration - credit : sora

Une pollution plastique dévastatrice pour les océans

D'après les projections d'Oceana, sur les 9,1 milliards de livres de plastique utilisées annuellement par Coca-Cola d'ici 2030, environ 1,3 milliard de livres pourraient se retrouver dans les océans et cours d'eau. Cette quantité astronomique représente l'équivalent du contenu stomacal de plus de 18 millions de baleines bleues.

Comme le souligne Matt Littlejohn, vice-président d'Oceana cité par Earth.com : "Coca-Cola est de loin le plus grand fabricant et vendeur de boissons au monde. De ce fait, leur impact sur l'océan est considérable". Cette pollution n'est pas seulement visible : les microplastiques, ces minuscules particules issues de la dégradation du plastique, infiltrent désormais les écosystèmes, l'eau potable et même les organes humains.

Des solutions de recyclage insuffisantes

Bien que Coca-Cola ait investi près d'un milliard de dollars en 2022 dans l'achat de plastique recyclé, comme le rapporte American Recycler, cette approche ne résout pas le problème fondamental. Selon Matt Littlejohn : "Le plastique à usage unique est néfaste pour les océans, la santé humaine et les affaires. Le recyclage ne peut pas résoudre le problème croissant du plastique de l'entreprise. La réutilisation le peut."

En effet, même les bouteilles en plastique recyclé peuvent finir par polluer les océans et nuire à la vie marine. D'après une étude publiée dans Science Advances en 2024 et citée par Earth.com, Coca-Cola reste le premier pollueur plastique mondial, suivi par PepsiCo, Nestlé, Danone et Altria.

Le potentiel inexploité des emballages réutilisables

Une solution concrète existe pourtant : l'utilisation d'emballages réutilisables. Selon les données d'Oceana, si Coca-Cola atteignait 26,4% d'emballages réutilisables d'ici 2030 (contre 10,2% en 2023), l'entreprise pourrait réduire sa consommation annuelle de plastique sous les niveaux actuels. Les chiffres sont éloquents : une bouteille en verre peut être réutilisée jusqu'à 50 fois, tandis qu'une bouteille en plastique PET réutilisable peut servir jusqu'à 25 fois.

Malheureusement, Coca-Cola a retiré en décembre 2024 son engagement d'atteindre 25% d'emballages réutilisables d'ici 2030, initialement annoncé en 2022.

Des implications climatiques préoccupantes

La problématique du plastique ne se limite pas à la pollution visible. La production de plastique, dérivée des combustibles fossiles, contribue significativement au changement climatique. Pourtant, des exemples positifs existent : au Brésil, en Allemagne, au Nigeria et même dans certaines régions des États-Unis comme le sud du Texas, Coca-Cola opère déjà des systèmes de consigne à grande échelle.

Un porte-parole de l'entreprise a déclaré à l'AFP que Coca-Cola reste engagé dans le développement des options de conditionnement réutilisables, mais sans objectifs chiffrés ni calendrier précis, laissant planer le doute sur la réelle volonté de changement de l'entreprise.

Un besoin urgent de transformation

Face à cette situation critique, Coca-Cola se trouve à un tournant décisif. L'entreprise dispose des ressources et de l'influence nécessaires pour impulser un changement majeur dans l'industrie des boissons. Comme le souligne Matt Littlejohn : "Ils possèdent la plus grande infrastructure de réutilisation de toutes les entreprises de boissons, et ils ont la capacité de la développer et de montrer la voie au reste de l'industrie." La question n'est plus de savoir si le changement est nécessaire, mais quand et comment il sera mis en œuvre. L'avenir des océans et la santé publique en dépendent.